ISSN : 2269-5990

mercredi 25 octobre 2023

à paraître: Jacques Bouveresse, La Passion de l'exactitude. Robert Musil et la philosophie

 

 

Jacques Bouveresse

La Passion de l'exactitude

Robert Musil et la philosophie

Préface de Florence Vatan

Hors d'atteinte

Faits & idées

janvier 2024



Présentation de l'éditeur

Jacques Bouveresse interroge la philosophie, sa légitimité et son sens, à partir de l'œuvre de l'écrivain Robert Musil.

Musil dit de la littérature qu’elle utilise des connaissances, mais n’en produit pas de spécifiques. Il admet en revanche que certaines philosophies réussissent à nous procurer une connaissance ; mais d’autres agissent sur l’esprit d’une façon bien différente, qui ressemble davantage à celle dont le font certaines œuvres littéraires.

Pourquoi Jacques Bouveresse s’est-il autant intéressé à Robert Musil (1880-1942), un écrivain bien éloigné de la philosophie traditionnelle ? Ils partageaient sans nul doute une grande indépendance, un attrait pour la philosophie des chemins de traverse, une profonde méfiance à l’égard des modes et une préoccupation pour les notions de vérité ou de croyance.

Dans ce texte inédit, le philosophe mort en 2021 profite de son dialogue avec Musil pour opérer un retour critique sur sa propre discipline et s’interroger autant sur son sens que sur sa légitimité. 

Jacques Bouveresse avait déjà abordé l’œuvre de Robert Musil dans deux ouvrages : L'Homme probable, le hasard, la moyenne et l'escargot, publié chez L'Éclat en 1993 (rééd. 2004) ; et La Voix de l'âme et les chemins de l'esprit. Dix études sur Robert Musil, publié au Seuil en 2001. Il s’y intéresse notamment aux notions de possible et de probable autour desquelles Musil a ordonné sa philosophie du devenir de l'humanité et sa conception de l'histoire. Selon ses propres dires, l’écrivain autrichien né en 1880 et mort en 1942, auteur du magistral L’Homme sans qualités (1930), est le penseur dont il s’est senti le plus proche.

Pourquoi Jacques Bouveresse s’est-il autant intéressé à un écrivain dont le projet intellectuel est très éloigné des modes de réflexion philosophiques traditionnels ? On peut y voir un parti pris frondeur et l’expression d’une philosophie buissonnière, adepte des chemins de traverse de la « discipline reine » du champ intellectuel français.

Jacques Bouveresse s’est retrouvé dans cet écrivain intempestif et dissident, profondément méfiant à l’égard des modes et des certitudes du moment, qui défendait des thèses à contre-courant de l’irrationalisme ambiant et traçait sa voie en toute indépendance. La marginalité de Musil, à la fois subie et assumée, le plaçait dans une position d’extériorité d’où il pouvait analyser avec une grande lucidité les débats littéraires et intellectuels de son époque.

Ce texte-ci, inédit et resté inachevé, est issu d'une conférence donnée à l’université de Vienne en octobre 2008 sous le titre « Robert Musil et la philosophie », repris et complété en septembre 2010 à l’occasion d’un colloque à la Sorbonne intitulé « Musil et Wittgenstein ». Nous ne saurons jamais si Jacques Bouveresse projetait d’en faire un livre, comme le suggère l’intitulé du fichier informatique retrouvé sur son ordinateur, « MUSIL II », ou un long essai.

S’intéressant aux préoccupations philosophiques de Musil, qu’il s'agisse de philosophies singulières (Wittgenstein, l’École de Vienne, Nietzsche) ou de problèmes spécifiques comme la question de la croyance, celle de la connaissance littéraire, la valeur de la vérité, ou encore les mésalliances entre littérature et philosophie telles que Bouveresse les diagnostique dans la philosophie postmoderne, Bouveresse s'interroge sur ce qui constitue la légitimité d’une parole philosophique, en marge des balises disciplinaires et des vogues intellectuelles – question qui reste centrale et d'une grande actualité. Il aborde également la nature équivoque de la philosophie, tiraillée entre une orientation scientifique et une orientation littéraire, entre un versant systématique et un versant essayiste. Son dialogue avec Musil lui permet enfin d’opérer un retour critique sur sa propre discipline et de s’interroger sur ce que philosopher veut dire.

Jusqu’à la fin de sa vie, Jacques Bouveresse a défendu l’idée que Musil était un penseur utile dans les temps obscurs et incertains où nous vivons. 

 

 

 

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